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Argan, mettant la main à son bonnet, sans l’ôter :
Monsieur Purgon, monsieur, m’a défendu de découvrir ma tête. Vous êtes du métier : vous savez les conséquences.
Monsieur Diafoirus :
Nous sommes dans toutes nos visites pour porter secours aux malades, et non pour leur porter de l’incommodité.
(Argan et monsieur Diafoirus parlent en même temps.)
Argan :
Je reçois, monsieur,
Monsieur Diafoirus :
Nous venons ici, monsieur,
Argan :
Avec beaucoup de joie,
Monsieur Diafoirus :
Mon fils Thomas et moi,
Argan :
L’honneur que vous me faites,
Monsieur Diafoirus :
Vous témoigner, monsieur,
Argan :
Et j’aurais souhaité…
Monsieur Diafoirus :
Le ravissement où nous sommes…
Argan :
De pouvoir aller chez vous…
Monsieur Diafoirus :
De la grace que vous nous faites…
Argan :
Pour vous en assurer.
Monsieur Diafoirus :
De vouloir bien nous recevoir…
Argan :
Mais vous savez, monsieur…
Monsieur Diafoirus :
Dans l’honneur, monsieur,
Argan :
Ce que c’est qu’un pauvre malade,
Monsieur Diafoirus :
De votre alliance ;
Argan :
Qui ne peut faire autre chose…
Monsieur Diafoirus :
Et vous assurer…
Argan :
Que de vous dire ici…
Monsieur Diafoirus :
Que, dans les choses qui dépendront de notre métier
Argan :
Qu’il cherchera toutes les occasions
Monsieur Diafoirus :
De même qu’en toute autre,
Argan :
De vous faire connaître, monsieur,
Monsieur Diafoirus :
Nous serons toujours prêts, monsieur,
Argan :
Qu’il est tout à votre service.
Monsieur Diafoirus :
À vous témoigner notre zèle. (à son fils.) : Allons, Thomas, avancez. Faites vos compliments.
Thomas Diafoirus, à monsieur Diafoirus :
N’est-ce pas par le père qu’il convient de commencer ?
Monsieur Diafoirus :
Oui.
Thomas Diafoirus, à Argan :
Monsieur, je viens saluer, reconnaître, chérir et révérer en vous un second père, mais un second père auquel j’ose dire que je me trouve plus redevable qu’au premier. Le premier m’a engendré ; mais vous m’avez choisi. Il m’a reçu par nécessité ; mais vous m’avez accepté par grace. Ce que je tiens de lui est un ouvrage de son corps ; mais ce que je tiens de vous est un ouvrage de votre volonté ; et, d’autant plus que les facultés spirituelles sont au-dessus des corporelles, d’autant plus je vous dois, et d’autant plus je tiens précieuse cette future filiation, dont je viens aujourd’hui vous rendre, par avance, les très humbles et très respectueux hommages.
Toinette :
Vivent les collèges d’où l’on sort si habile homme !
Thomas Diafoirus, à monsieur Diafoirus :
Cela a-t-il bien été, mon père ?
Monsieur Diafoirus :
Optime.
Argan, à Angélique :
Allons, saluez monsieur.
Thomas Diafoirus, à monsieur Diafoirus :
Baiserai-je ?
Monsieur Diafoirus :
Oui, oui.
Thomas Diafoirus, à Angélique :
Madame, c’est avec justice que le ciel vous a concédé le nom de belle-mère, puisque l’on…
Argan, à Thomas Diafoirus :
Ce n’est pas ma femme, c’est ma fille à qui vous parlez.
Thomas Diafoirus, à monsieur Diafoirus :
Où donc est-elle ?
Argan :
Elle va venir.
Thomas Diafoirus :
Attendrai-je, mon père, qu’elle soit venue ?
Monsieur Diafoirus :
Faites toujours le compliment de mademoiselle.
Thomas Diafoirus :
Mademoiselle, ne plus ne moins que la statue de Memnon rendait un son harmonieux lorsqu’elle venait à être éclairée des rayons du soleil, tout de même me sens-je animé d’un doux transport à l’apparition du soleil de vos beautés ; et, comme les naturalistes remarquent que la fleur nommée héliotrope tourne sans cesse vers cet astre du jour, aussi mon cœur dores-en-avant tournera-t-il toujours vers les astres resplendissants de vos yeux adorables, ainsi que vers son pôle unique. Souffrez donc, mademoiselle, que j’appende aujourd’hui à l’autel de vos charmes l’offrande de ce cœur qui ne respire et n’ambitionne autre gloire que d’être toute sa vie, mademoiselle, votre très humble, très obéissant, et très fidèle serviteur et mari.
Toinette :
Voilà ce que c’est que d’étudier ! on apprend à dire de belles choses.
Argan, à Cléante :
Hé ! que dites-vous de cela ?
Cléante :
Que monsieur fait merveilles, et que, s’il est aussi bon médecin qu’il est bon orateur, il y aura plaisir à être de ses malades.
Toinette :
Assurément. Ce sera quelque chose d’admirable, s’il fait d’aussi belles cures qu’il fait de beaux discours.
Argan :
Allons, vite, ma chaise, et des sièges à tout le monde. (Des laquais donnent des sièges.) Mettez-vous là, ma fille. (À monsieur Diafoirus.) Vous voyez, monsieur, que tout le monde admire monsieur votre fils ; et je vous trouve bien heureux de vous voir un garçon comme cela.