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Explication de texte

Voyage au centre de la Terre - Jules Verne

Extrait n°3, chapitre 11 : Le guide

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        Le soir, je fis une courte promenade sur les rivages de Reykjawik, et je revins de bonne 
    heure me coucher dans mon lit de grosses planches, où je dormis d’un profond sommeil.
        Quand je me réveillai, j’entendis mon oncle parler abondamment dans la salle voisine. 
    Je me levai aussitôt et je me hâtai d’aller le rejoindre.
5       Il causait en danois avec un homme de haute taille, vigoureusement découplé. Ce grand 
    gaillard devait être d’une force peu commune. Ses yeux, percés dans une tête très grosse 
    et assez naïve, me parurent intelligents. Ils étaient d’un bleu rêveur. De longs cheveux, 
    qui eussent passé pour roux, même en Angleterre, tombaient sur ses athlétiques épaules. 
    Cet indigène avait les mouvements souples, mais il remuait peu les bras, en homme qui igno-
10  rait ou dédaignait la langue des gestes. Tout en lui révélait un tempérament d’un calme 
    parfait, non pas indolent, mais tranquille. On sentait qu’il ne demandait rien à personne, 
    qu’il travaillait à sa convenance, et que, dans ce monde, sa philosophie ne pouvait être 
    ni étonnée ni troublée.
        Je surpris les nuances de ce caractère, à la manière dont l’Islandais écouta le verbia-
15  ge passionné de son interlocuteur. Il demeurait les bras croisés, immobile au milieu des 
    gestes multipliés de mon oncle ; pour nier, sa tête tournait de gauche à droite ; elle 
    s’inclinait pour affirmer, et cela si peu, que ses longs cheveux bougeaient à peine. 
    C’était l’économie du mouvement poussée jusqu’à l’avarice. Certes, à voir cet homme, je 
    n’aurais jamais deviné sa profession de chasseur ; celui-là ne devait pas effrayer le 
20  gibier, à coup sûr, mais comment pouvait-il l’atteindre ?
        Tout s’expliqua quand M. Fridriksson m’apprit que ce tranquille personnage n’était 
    qu’un « chasseur d’eider », oiseau dont le duvet constitue la plus grande richesse de l’île. 
    En effet, ce duvet s’appelle l’édredon, et il ne faut pas une grande dépense de mouvement 
    pour le recueillir.[...]
25      Ce personnage grave, flegmatique et silencieux, se nommait Hans Bjelke ; il venait à la 
    recommandation de M. Fridriksson. C’était notre futur guide. Ses manières contrastaient 
    singulièrement avec celles de mon oncle.  
        Cependant ils s’entendirent facilement. Ni l’un ni l’autre ne regardaient au prix ; 
    l’un prêt à accepter ce qu’on lui offrait, l’autre prêt à donner ce qui lui serait demandé. 
30  Jamais marché ne fut plus facile à conclure.
        Or, des conventions il résulta que Hans s’engageait à nous conduire au village de Stapi, 
    situé sur la côte méridionale de la presqu’île du Sneffels, au pied même du volcan. Il 
    fallait compter par terre vingt-deux milles environ, voyage à faire en deux jours, suivant 
    l’opinion de mon oncle.
35      Mais quand il apprit qu’il s’agissait de milles danois de vingt-quatre mille pieds, 
    il dut rabattre de son calcul et compter, vu l’insuffisance des chemins, sur sept ou huit 
    jours de marche.
        Quatre chevaux devaient être mis à sa disposition, deux pour le porter, lui et moi, 
    deux autres destinés à nos bagages. Hans, suivant son habitude, irait à pied. Il connais-
40  sait parfaitement cette partie de la côte, et il promit de prendre par le plus court.
    Son engagement avec mon oncle n’expirait pas à notre arrivée à Stapi ; il demeurait à son 
    service pendant tout le temps nécessaire à ses excursions scientifiques, au prix de trois 
    rixdales par semaine. Seulement, il fut expressément convenu que cette somme serait comptée
    au guide chaque samedi soir, condition sine qua non de son engagement.
45      Le départ fut fixé au 16 juin. Mon oncle voulut remettre au chasseur les arrhes du 
    marché, mais celui-ci refusa d’un mot.    
    « Efter, fit-il.    
    — Après, » me dit le professeur pour mon édification.
    Hans, le traité conclu, se retira tout d’une pièce.
50  « Un fameux homme ! s’écria mon oncle ; mais il ne s’attend guère au merveilleux rôle 
    que l’avenir lui réserve de jouer.
    — Il nous accompagne donc jusqu’au…    
    — Oui, Axel, jusqu’au centre de la terre. »

La situation d'énonciation

Le vocabulaire et les champs lexicaux

Les figures de style

Les idées

La tonalité

L'intention de l'auteur


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©Jean-Marie PETIT - HomeSweetHome - 05/2022